Sur les chemins du Virtuel


" Ainsi le corps sort-il de lui-même, acquiert-il de nouvelles vitesses, conquiert-il de nouveaux espaces. Il se déverse à l'extérieur et renverse l'extériorité technique ou l'altérité biologique en subjectivité concrète. En se virtualisant, le corps se multiplie. Nous nous créons des organismes virtuels qui enrichissent notre univers sensible sans nous imposer la douleur. S'agit-il d'une désincarnation ? Nous vérifions sur l'exemple du corps que la virtualisation ne peut être réduite à un processus de disparition ou de dématérialisation. Au risque de nous répéter, rappelons qu'elle s'analyse essentiellement comme changement d'identité, passage d'une solution particulière à une problématique générale ou transformation d'une activité spéciale et circonscrite en fonctionnement délocalisé, désynchronisé, collectivisé. La virtualisation du corps n'est donc pas une désincarnation mais une réinvention, une réincarnation, une multiplication, une vectorisation, une hétérogénèse de l'humain. "


SUR LES CHEMINS DU VIRTUEL

Pierre Lévy